22 janv. 2008

MANIFESTE POUR L'AVÈNEMENT DE LA SCATOSOPHIE

La scatosophie est advenue voilà très longtemps. Tous les discours mythiques, vers lesquels nous permettent de remonter nos recherches archéologiques, ne sont en fin de compte que de piètres déguisements pour cette sagesse qui en constitue la trame de fond. Nous ne prétendrons donc pas initier qui que ce soit à ce mode d’appréhension du monde. Nous faisons plutôt appel à une sorte de réminiscence de la scatosophie. Sa positivité surviendra lorsque le dévoilement lui permettra de s’insérer dans le non-oubli de sa question ontologique.

L’emphase mise sur la lumière, les couleurs pâles, les textures rigides et les surfaces lisses, dans le domaine de l’esthétique quotidienne, mais pire encore, dans le domaine de la réflexion métaphysique, la virtualité du non-être ou l'être pur, sont des concepts qui contaminent la pensée et transforment l'humanité qui les réfléchit en polyèdre aride. Où est donc passée la tiédeur confortable de la défécation sublime?

Nous observons la classe des gens qui, devant le déploiement du monde, décident de le remettre en question. Leur constat est pertinent : il semble y avoir quelques problèmes. Pourtant, la revendication tend à se monolithiser. L’univers humain dans toute sa diversité semble, selon ce qu’on peut en percevoir à travers le discours dominant, se diriger vers une uniformité dérangeante. Le progrès lui-même ne devient qu’un retour sur soi perpétuel. Cette notion de progrès ne doit pas être vue comme une construction scientifique, une augmentation du savoir ou une émancipation de la compréhension. Plutôt, nous référons ici au progrès comme devenir humain, objectif utopique d’un monde où les grandes valeurs sont respectées. L’égalité, la justice, la paix, le bien quoi!

Ce telos monopolise la réflexion éthique, et même la réflexion tout court. L’académie ne saurait sortir du cadre du « penser le bien ou nier le bien ». Pourtant, des objets semblent occuper un espace beaucoup plus important, et ne se voir attribuer qu’un temps de réflexion minime. L’objet qui, selon nous, souffre le plus de cette carence considérative est, évidemment, le caca.

Le mythe fondateur

Camus nous aura inspiré, s’inspirant lui-même de la mythologie grecque. Le mythe de Scathos, fondant par le fait même notre eschatologie, vient résumer la situation de l’être-au-monde, ainsi que le devenir humain comme perpétuelle ponctualité réitérée. Quelle faute le pauvre Scathos aura-t-il commise? Celle de braver les décrets divins, tels que lus dans les entrailles de mouches par l'Oracle de Delfécations, la Proutie: "nul ne résistera à son envie de chier, sous peine de comprésence anal-orale". En défiant l'ordre établi et en retenant son caca, Scathos aura attiré sur lui la colère des dieux. En guise de punition, il fut décrété qu'il subirait un châtiment tel que nul n'en avait connu auparavant. On ne pouvait impunément transgresser la loi divine. Scathos fut donc donné en exemple à tous. On le condamna à se chier dans le cul de manière perpétuelle, et l'on fusionna son anus avec sa bouche. Ainsi naissait le mythe de Scathos: son repas à jamais incomplet et toujours recyclé, métaphore de la condition humaine.

Considérant que

· la réalité est une tempête hostile de caca

· l'Idée du Caca transcende l'ironie du réel

· Scathos avait raison sur toute la ligne

· les juifs ont survécu

· chaque caca a droit à une opportunité égale et un même salaire pour la même odeur

· la propriété privée de caca conduit à la pauvreté septique

· le réchauffement global dû aux flatulences compromet de nombreuses espèces dont l'étron

· la sagesse scatique doit guider nos moindres agissements

· nous sommes les sages scatiques

Nous revendiquons

· l'ontocaca comme principe fondamental de l'être

· la réminiscence du Caca

· la reconnaissance de l'équivalence logique entre l'ancien testament et le Mein Kampf

· la modification de l'orthographe du mot "caca" pour réfléter l'égalité entre les sexes: caca-tte, caca-tte-s

· le communisme septique et l'abolition du scatolétariat

· le transport en commun par les égouts

· la création d'une Église du Caca comme instance suprême

· notre contrôle total, tyrannique, sanguinaire, financier et bienveillant sur l'Église mentionnée ci-dessus

Principes du guerrier du caca

1- Le guerrier doit être capable de rire de tout, en tout temps.

2- L'arme première du guerrier est sa rhétorique. Notons que le corps permet de s'exprimer de multiples manières autres que par la parole: les danses, les faces et les flatulences n'en sont que quelques unes.

3- Étant essentiellement un clown, ses ennemis jurés sont les clones (en vertu du décret ségrégationniste séparant ontologiquement et pour l'éternité les clowns et les clones).

4- Une liste non exhaustive des -ismes favoris du guerrier pourrait ressembler à l'alignement de caractères typographiques suivant: le révisionnisme, le solipsisme, le dialectisme, le logicisme, le judaïsme, l'absolutisme... La surdétermination de ces concepts et de tant d'autres doit s'inscrire dans une mise en action quotidienne des Grands Principes.

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