22 janv. 2008

De la velléité d’être une science pure

Il eût été agréable de mourir en guerre. Avec du sang sur le képi en vrai guérillero pas en sempiternel gentleman, désolant dandy de mornes époques modernes et plates. J’aurais préféré sans doute me faire annoncer au Ed Sullivan Show, cousu de tweed et de cordes en nylon ou me faire pendre pour crimes de lèse-majesté. J’aurais voulu que tout eût été plus clair et que les camps soit moins poreux, que les imperméables soient moins beaux et qu’ils répondent davantage à leur fonction primaire qui est de nous protéger, mais surtout de nous désavantager esthétiquement, attirant le regard plein de compassion et de sympathie des jeunes filles qui passent par là.

Tout ça aurait été superbe. Je me serais appelé Béla Kun ou Connard, j’aurais été capitaine d’épave, palefrenier ou cotylédon. J’aurais servi la nation.

Je me serais baladé en bicyclette sur une grande-place de Toscane volant des pommes au son de l’accordéon. Hors de tout doute. Exégètes, serviles analystes, historiens de l’art, maigre et pathétiques faiseurs de prologues de classiques littéraires. Vous m’avez mal servi. Vous avez éloigné de moi le doute pour mieux m’en imprégner.

Tout ça aurait été superbe. Je me serais appelé St-Just ou Connard, j’aurais été capitaine d’épave, palefrenier ou cotylédon. J’aurais servi la nation.

J’aurais été un vrai con, splendide et plein d’affection. J’aurais été pré-moderne et heureux. Mais la seule conscience du mieux, de l’achevé, du déjà-vu, déjà

fait, surprotégé et pré-digéré, pré-violé me fait grincer des dents.

Tout ça aurait été superbe. Je me serais appelé Rosa Parks ou Connard, j’aurais été capitaine d’épave, palefrenier ou cotylédon. J’aurais servi la nation.

Non

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