13 oct. 2007

Du QQ De La Gauche

J e n'aime pas, aime parfois, les petites dominations virtuelles, les micro dominations qui sont le tissus de l'univers des symboles érotiques, les microdoms. J'aime, n'aime pas toujours, les attaches les pincements les poussées les morsures les gouttes de sang sous tes orteilles fragiles, surplus de vie qui déborde macabrement. J'aime ces images-force imaginatives, je te tues, tu me man-je, de deux la puissance de frapper les murs nous finirons bien par les faire tomber. Et nous avec, et nous recommencerons, l'important c'est l'étau qu'on a autour du coeur et qui nous serre toujours plus fort que les bras amoureux, plus férocement que les baisers vengeurs, et plus sûrement que nos promesses d'éternité. J'en parle et je les entends, au coeur de la ville,sur le bord du fleuve derrière les buissons, qui crient dans mon ventre.

Les microdoms forment le circuit électrique des sensations, conducteur du désir négatif, et vices vers ça, et va et vient, caressant mes douleurs chéries, connectant deux corps-idées sur une même longueur d'ondes, à toute vitesse. "Je t'aime. Moi non plus." C'est ce qu'ils disent et les étincelles flambent les vêtements de leur corps, là-maintenant tout de suite, partant le décompte des contes à raconter sur nos corps hyper-textuels, de petites histoires finement interprétées, des aventures gamines à vous ploguer dans les orifices, sous les paupières au bord des lèvres. L'instant d'une offre sans demande, puis d'une demande sans offre, un gigantesque court-circuit des notions sexuo-économiques les plus élémentaires : c'est le crash. Le crash général illimité, sans foi ni moi.

Les lois sont faites pour être transgressées, le courant pour courir : j'entend les cris qui viennent !

Il faudrait les recenser, en faire le tri et le décompte, rendre la douleur visible et productive. Mais c'est impossible: seules les dominations gigantesques ont une marque de visite, des théories dénonciatrices reprises par les masses soigneusement conscientisées, des groupes d'antis, des antiracistes anticapitalistes antispécistes antifascistes antipatriarcales. Seules les gigadoms ont des livres, des affiches, des blogues, des tracts, des révoltes passionnées, des bombes. Les gigadoms ont tous les moyens, vous fabriquent l'univers et les gens qui vont dedans, vous regardes et vous regardes les regarder, vous fabriquent le regard. Les petites dominations n'ont rien de tout ça. Les microdoms nous font tourner la tête comme des coups d'incompréhension sur la morale blanche et blanchie des gigadoms. Les microdoms ne sont pas au nombre de 666 et elles n'appartiennent pas à la firme Vices et varices inc., pour la plus grande joie des consommateurs et des actionnaires. Les microdoms ne se vendent qu'après avoir pris du poids, être assez lourdes pour qu'on les remarque. Les microdoms sont vues quand elles n'existent plus, et c'est le regard qui les tue. C'est pour ça qu'on ne peut jamais les recenser, en faire le tri et le décompte, rendre la douleur visible et productive

Au boulot, je ne suis pas un jouisseur, je suis un travailleur : enculé, mais sans plaisir, par le système du patron, ses machines qui occupent mon corps, le va-et-vient répétitif de la production : l'orgasme appartient aux actionnaires. Je préfèrerais être pute, c'est plus franc : tant qu'à se faire chier pour un salaire de misère, dans des conditions dégradantes, pour des ostis de voleurs, dans une entreprise de merde, à partir de trop tôt le matin, trop d'heures par semaine, autant que la métaphore s'accomplisse : esclave-prostitué du patronat. Se faire baiser du lundi au vendredi, midi à minuit, avec à peine un peu de lubrifiant syndical (le bruit de succion, c'est du lubrifiant ou c'est de la merde ?), que ça fasse moins mal. Si au moins je pouvais leur refiler mes sidas !

Non, définitivement : tant qu'à se faire baiser, autant faire payer cher, très cher, et à mes conditions, à ces cochons clients-patrons.

Il faut pas croire, hein : j'aime bien me faire baiser. Ça dépend comment, ça dépend par qui. Ce que j'aime pas, c'est la prétention du gars qui te paie pour le faire: comme si le pouvoir, c'était vraiment lui qui l'avait. Domination de merde. Il a rien compris, vraiment, vraiment rien. Un jour j'aimerais bien me rentrer un piège à ours où tu penses, que ça la lui coupe au moment où il s'y attend le moins, au sommet de sa gloire: ça, ça me fait triquer carrément. Comme Maria Republica, la pute anarchiste qui refilait sa syphillis aux franquistes.

Le sexe, c'est très politique.

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