Marx a dit: L'histoire se produit deux fois; la première fois en tragédie, la deuxième fois en blague. [Je paraphrase] Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai bien l'impression que malgré toutes les nouveautés que nous offre la société post-industrielle, nous sommes dans une grosse blague.
Du moins je l'espère fortement!
Si ce n'est pas une blague, alors je deviens rapidement défaitiste...une blague qui cependant est tragique. Une tragédie réelle qui se présente à nous en blague. Prenons un exemple: Wajdi Mouawad qui démontre avec brio la tragédie dans laquelle notre monde nous plonge, la monstruosité qui nous guette tous à un moment ou un autre de notre vie. De l'art tragique dans des vies arrachées de toutes considérations esthétiques: des vies déplacées, hors de l'arène politique de la discussion, la sortie de l'humanité à travers la guerre qui devient la loi. La réelle tragédie qui met en scène la bête, le monstre.
Et nous l'air sérieux: Quelle belle pièce!
Ça doit être une blague!
Ce n'est pas beau du tout, c'est le cri de quelqu'un qui veut nous avertir que la catastrophe s'en vient! Ça ne porte de l'espoir qu'à condition de trouver ça inacceptable!
Il n'y a pas de Tirésias dans les pièces de Wajdi.
Peut-être devrait-il en avoir un pour le public? Je ne sais...
Chose sûre, le public devrait pleurer et être outragé, non pas enchanté.
Ne croyez pas que je n'aime pas Wajdi, c'est tout le contraire. Il me trouble sur la condition humaine, justement parce qu'il s'interroge sur cette condition; chose que peu font.
Pour en revenir à la blague et à la tragédie, si nous sommes en plein dans la blague, de quelle époque sommes-nous la piètre copie hilare? Je pense que c'est là notre unicité, en faisant rupture radicale avec le passé, nous sommes portés à commettre toutes les erreurs du passé humain en une seule époque...
Avec une prédominance pour le Moyen-Âge, je crois que nous ne sommes qu'une piètre copie d'un temps avant notre existence en tant qu'humain... ce qui rendrait compréhensible l'effort véritable et à moitié conscient que nous faisons pour nous détruire mutuellement.
_____
La science n'accepte pas le vide, elle le remplit constamment. Du trou noir à la matière noire, elle fait du vide évident quelque chose de tangible. Elle s'efforce à combler le vide, car le néant l'effraie, c'est juste : le néant est effrayant. Le vide physique est là et nécessaire, mais la science le confond avec un autre vide: le néant humain.
La mise en scène du néant. Là où l'être humain n'est qu'une condition purement biologique. Comment justifier le fait qu'un prisonnier d'Auschwitz se relève sous la pression d'un fusil alors qu'il se dirige vers la chambre à gaz? Qu'est ce qui empêche un individu de pouvoir objectivement distinguer les deux morts qui l'attendent? Mis dans le néant de l'humanité, où l'humanité n'est plus, ce genre d'absurdité effroyable se met en scène.
_____
Non, définitivement nous sommes dans une tragédie. Tragédie d'autant plus tragique qu'elle se présente à nous avec la légèreté d'une blague...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire