13 oct. 2007

Des Exigences de Tout

P arce que les moyens de la lutte sont indissociables de ses buts - savoir contre qui et pour quoi on se bat - il ne faut pas s’étonner que les bureaucrates et les Artistes auto-proclamés (deux formes de carriérismes qui s’ignorent) voient d’un mauvais œil les moyens qui pourraient être les nôtres, rien de plus normal. En appelant à une grève permanente nous cherchons à nous débarrasser à jamais de ces parasites sociaux et de cette

Vermine de « bon goût ».

L’Éducation publique : nous n’en voulons pas! Même gratuite, elle n’en reste pas moins l’éducation aliénée et aliénante. Et nous entendons bien nous battre contre tous ceux qui voudraient mieux l’aménager, qui voudraient apaiser notre colère afin que la société puisse reprendre son cours normalement.

Avec leurs revendications, les étudiants et les partisans de l’éducation gratuite ne se rendent pas compte qu’ils défendent (en bon bourgeois ou bureaucrates en puissance) une institution de régulation de la société capitaliste. Si la grève en tant que rupture des flux de cette régulation est pour nous un moyen, elle ne vaut rien si elle ne sert qu’à relancer le cycle aliénant de la production et de la reproduction de la société. Si nous sommes pour la grève, c’est pour qu’elle soit définitive.

L’Université n’est pas pour nous un lieu, un monde à transformer où nous voudrions vivre et pour lequel se battre. Non : l’Université n’est que le lieu du conflit qui nous y oppose, elle est un champ de bataille, une ligne de front. Notre monde est ce qui se construit derrière cette ligne.


Notre monde apparaît à mesure que l’Université disparaît.
En défendant le statut d’étudiant, on lutte pour le maintien d’un statut d’opprimé. Un statut aliéné qui ne peut penser sa lutte avec celle des autres autrement que par des convergences, des unions des « forces » qui maintiennent intacte la séparation.

Si nous luttons, ce n’est pas en tant qu’Étudiants, ce qui ne poserait en rien la question fondamentale de l’oppression, ce qui ne dirait rien, a priori, de notre rapport à la lutte des femmes par exemple. Nous ne luttons pas pour la reconnaissance des droits des femmes, mais contre le Patriarcat.
Nous ne voulons pas d’un « enseignement citoyen et équitable », pas plus que du commerce/exploitation équitable. À trop se poser la question du mode d’exploitation, ceux qui croyaient se battre contre celle-ci, en ont oublié de se poser la question de l’exploitation elle-même. Et par cet aveuglement, ils ont reproduit des appareils et des formes d’exploitation (plus équitables soit) pour soi-disant lutter contre elle. C’est précisément parce qu’ils s’identifient à ces formes (université publique, syndicats, assos, A.G.) et qu’ils leur reconnaissent la légitimité que les étudiants et autres exploités trahissent leur lutte contre l’exploitation.

Parce qu’on leur a reconnu la souveraineté, les formes bureaucratico-démocratiques sont en position de pouvoir; et il faut bien être un léniniste attardé de bonne foi pour croire que le pouvoir s’abolira de lui-même.

Tant que ce pouvoir n’est pas remis en question à la base, qu’il n’est pas reconnu a priori comme hétéronome, tout mouvement est voué à voir renaître de son propre corps une situation semblable à celle qui l’avait poussé à rompre avec l’ancienne.

Ainsi, même la démocratie directe la plus pure ne pourrait être souhaitable pour nous qui voulons cesser de sacrifier nos désirs au nom d’un mythique « Bonheur commun ».

Pour nous, la démocratie n’a de sens qu’entre ceux qui partagent des désirs, de l’intimité, de l’affinité, et en cela n’est déjà plus de la démocratie.

Dans le monde que nous construisons, nous voulons bien de l’autogestion, mais dans la mesure où nous voulons encore qu’il y ait de quoi à gérer.

Nous ne considérons pas notre éducation ou l’acquisition de nos savoirs comme une partie séparée de notre existence. Nous voulons d’une vie et d’une éducation qui soient organiques, en dehors des institutions. Dans les institutions, il n’y a pour nous que le conflit.

Nous cherchons à nous réapproprier le savoir pour faire consister les liens qui nous permettent d’exister en dehors et contre l’Université. Nous voulons libérer le savoir des murs de l’Université qui le met au travail, qui le marchandise. Et toute marchandise se pille, se vole, s’exproprie, à condition de déjouer les contrôles.

De même que tout lieu, tout espace peut être occupé.

Il n’est pas d’éthique qui nous empêchera de prendre acte. Mais peut-être seulement la peur et la force des institutions qui se défendent, qui protègent leur propriété.

Mais à mesure que nous nous rencontrons, que nous partageons, que nous communisons, nos vieilles peurs disparaissent. À mesure que notre joie grandit, notre force grandit aussi. Et s’il n’est pas de révolution inéluctable, l’affrontement est inévitable.

Faisons donc de cette grève un lieu de rencontre, de partage, de lutte sans concession, d’organisation, de réappropriation, un lieu où la joie de détruire ne s’oppose plus à la joie de construire.

Que cette grève amorce des ruptures définitives et qu’elle soit, finalement, une densification de la grève humaine.

EXIGEONS TOUT!
N’ATTENDONS RIEN!
QUE LA GREVE SOIT PERMANENTE!

Aucun commentaire: