5 sept. 2007

De La Part des Anomiques

L a vermine édifiée. Contre Marx nous dirons que l’histoire ne se répète pas deux fois mais constamment, à défaut d’extériorité. Et il n’y a pas dans la mimétique historique de progression du tragique au ridicule, puisque le ridicule est tragique (le tragique est peut-être ridicule lui-même). La vermine édifiée : rappelez-vous 1848, Versailles contaminée par le bas peuple, un indigent qui se joue du Roi sur le trône, des prostituées dans le palais des glaces. Pâle copie des sans-culottes de 1789. Que dirons-nous aujourd’hui de cette revendication : que De l’Osti d’Marde ait sa place au panthéon périodique : que le faux soit aussi sérieux que le vrai (ce qui est déjà le cas de toute manière – ou pas)? Qu’imitons-nous? Nietzsche disait, à propos de ce qui se figure dans notre crâne lorsqu’on ne cesse pas les pourquois : « Celui qui lutte contre les monstres doit prendre garde, A ne pas devenir un monstre lui-même. Et si vous fixez trop longtemps un abîme, l'abîme aussi regarde en vous ».

Est-ce que cet abîme est une farce ou une tragédie? Ceux qui détournent le regard font l’idéologie, ceux qui le contemplent font la fin (comment ne pas vouloir la fin de quelque chose qui nous effleure, nous chatouille sans imbiber. Voilà classés matérialistes et idéalistes.

Selon Slavoj Zizek, l’idéologie n’est pas tant la fuite du monde mais la volonté de faire du monde une fuite. Qu’y a t’il à faire pour nous, que le goût de l’autonomie fait accroire au Démiurge, que de FUIR LA FUITE. Voilà pour l’art, pour la philosophie, et pour tout ce qui, en prenant congé de l’actualité, se veut vivre plus avant. En fait la question est là, et c’est notre propre échafaud qui se la pose : Fuions-nous en avant où en arrière la fuite en avant ou en arrière? Au lieu de répondre, il saillerait de défoncer l’échafaud au regard hardi ; seulement un anomique oserait emporter son bourreau avec sa propre seringue. Pour résumer la situation, il convient d’énumérer des faits saillants et de laisser l’entendement les relier en constellation :

  • Le 10 novembre 2006, la première page du journal Métro, annonce en grande pompe de l’ouverture de la saison de ski
  • Le 31 décembre 2006, il n’y a pas de neige dehors
  • Le 2 janvier 2007, à la troisième page du journal Métro, Jici Lauzon, dans le cadre d’une campagne visant l’abolition de la cigarette dans les médias, affirme que « la télévision est un espace public ».
  • Tous les soirs, il n’y a rien qui se passe dehors, absolument rien (regardez par la fenêtre, vraiment!).
  • Tous les soirs il y a des événements « importants » dans les téléviseurs.
  • Les occidentaux passent huit heures par jour à dormir, huit heures à travailler et quatre heures à regarder la télévision : ne se réveillent-ils jamais?
  • Le Parti Libéral du Québec ne ressent plus le besoin d’inscrire un quelconque slogan sur ses affiches
  • La marchandise des magasins est éclairée, même la nuit.
  • Auschwitz et Hiroshima ont eu lieu il y a 62 ans; le mode de production capitaliste est en place depuis 250 ans.
  • La première industrie d’importance au monde est celle du pétrole, la deuxième l’armement, et la troisième la drogue.

Est-ce que le port des fusils miniatures, développés à l’époque de la Commune, favorise le contact humain plus que celui du Blackberry? Voilà le débat de société qui devrait accaparer les centres névralgiques du savoir-pouvoir. Sommes-nous vraiment libres à l’intérieur de ces murs? Est-il normal que des anarchistes appuient à l’idée reçue d’un désagrégement non-souhaitable du rapport d’autorité disciplinaire moderne? Y a t’il vraiment une crise de l’autorité?

La (fausse) conscience qu’a acquise l’homme d’une détermination par le biologique, d’une régulation à la fois immanente et filigranique à son espèce, doublée d’une conception du sujet connaissant (scientifique) comme séparé de son objet, a autorisé la prise en charge forcée du processus de régénération de la race et sa mise en application accélérée. Pratique selon laquelle la guerre est à l’homme ce que la glaciation fut aux dinosaures ; pâte de merde qui barbouilla le XXe siècle ; prolétaires mutilés en guerre. Et l’occident se croit aujourd’hui lavé de ses impuretés : l’impureté qui serait, nous en sommes convaincus, la force motrice de l’histoire. Le lubrifiant coule à flots : la résistance est nulle : le contact est rapide et sans perte. Mais il en est qui se meuvent tellement lentement et avec tellement de pertes qu’ils ne sont même plus visibles. Leur avantage est la proximité qu’ils gardent avec cette immédiateté de la souillure ; on dit d’eux qu’ils font des gros bacs de marde et qu’ils en brassent, ils aiment ça et ça revole. On dit d’eux qu’ils ont des lunettes de marde…

Et de la part des anomiques, ils clament leur impuissance :

C’est de l’ostie de marde.

3 commentaires:

Joseph Structure a dit…

Votre affaire là, là, cé vraiment de l'ostie de marde

Anonyme a dit…

Qu'est-ce qui est écrit ici ?

De l'osti de marde a dit…

Bah. Une série de faits déconcertants et des questionnements étranges. L'auteur était jeune à l'époque